LA LIGUE DES NATIONS: THE GOOD, THE BAD AND THE SCARY

Cela a commencé, en 2011, comme une mauvaise blague:

  •  Au lieu de jouer des matchs amicaux, des matchs pour rien, sans jeu ni enjeu, pourquoi ne pas créer une ligue avec des rencontres plus sérieuses, et à la fin de tout ça, donner à l’équipe vainqueur un trophée ? 
  • Une compétition en plus ? 
  • Oui. 

En 2018, après l’annonce de la création de la Ligue des Nations, les presses sportives internationales ont eu tout le mal du monde à expliquer ce nouveau championnat. 

Cette ligue biennale se joue en deux phases (l’une, entre septembre et novembre, et l’autre, en juin de l’année suivante). Ce qui rend son déroulement difficile à comprendre. Pire que les règles du hors-jeu. En effet, trois ans et deux éditions plus tard, qui comprend vraiment le déroulement de cette compétition? 

The Bad

Encore aujourd’hui, peu de fans savent que les équipes participantes sont regroupées en quatre divisions en fonction de leur classement lors de l’édition précédente. Peu de fans comprennent les mécanismes de promotion et de relégation des équipes pour passer d’une division à une autre.

A cause de cette organisation complexe, la Ligue des nations est comme cette nouvelle venue que les organisateurs ont beau présenté au grand public mais tout le monde, quoique enchanté, a du mal à se souvenir de son prénom et de son visage.

Ce n’est pourtant pas forcément la faute aux médias. Ni à la communication de l’UEFA. 

Car entre les diverses compétitions déjà existantes, la Ligue des nations doit trouver sa place. Non seulement dans le calendrier du football, mais aussi dans l’imaginaire des fans…

Nous savons bien que l’Euro et la Coupe du monde se disputent chaque quatre ans, et se déroulent sur une courte période avec un calendrier clair et un pays hôte prédéfini,… Ainsi, comme dans la bonne vieille formule de théâtre classique, en un lieu, en un mois, un seul tournoi accompli, tienne jusqu’à la fin les stades remplis.

Mais la Ligue des nations est plutôt une nébuleuse, un championnat avec des matchs éparpillés ça et là, dans un désordre assez convenable pour s’insérer dans l’agenda des sélections, au cours de la saison. En cela, cette ligue s’apparente bien à la Ligue des champions en ce sens qu’elle semble être son équivalent pour les nations européennes: 

  • Alors quoi? C’est une Ligue des champions… des Nations? 
  • Oui, si vous voulez. Avec encore, il est vrai, beaucoup moins de prestige. 

The Good

Pourtant, si le déroulement est confus, c’est la phase des finales qui donne un attrait prestigieux à cette nouvelle ligue. Les 4 matchs qui se sont déroulés la semaine écoulée ont réuni les 4 meilleurs du tournoi dans le même pays, en moins d’une semaine, pour un tournoi de haut niveau qui rappelle bien les lustres du tournoi de France de football de 1997.

Sans ce contexte de ligue, ces 4 matchs auraient été 4 matchs amicaux de plus qui auraient beaucoup moins d’intérêt pour les joueurs, pour les entraîneurs et pour nous, les amants du foot…

Mais sous l’ombrelle de ce tournoi, les deux demi-finales, la petite finale et la finale ont offert un bouquet de spectacle merveilleux. Bien qu’elle n’a pas entraîné l’euphorie des coupes estivales, cette phase finale comme celle de la première édition a le mérite de donner à cette nouvelle ligue ce qu’il semble avoir manqué aux yeux de pas mal d’observateurs: du sens. 

  • Était-ce un remake de l’euro? 
  • Oui. Mais qu’importe. 

Au moins, ce n’était pas une copie conforme. 

La Ligue des Nations a permis de rebattre les cartes. Et de répondre aux questions pendantes, mais juteuses, que l’Euro nous avait laissées sur les lèvres.

  •  Et si la Suisse n’avait pas éliminé la France en quart de finale? Et si la belle génération Belge avait une nouvelle chance de remporter un trophée? Et si Sergio Busquets jouait à son meilleur? Et si…?

Au lieu d’attendre encore des mois pour répondre à ces questions au conditionnel ou de les simuler grace à nos consoles sur Fifa, la Ligue des nations a rendu cela possible cette année même, à travers des rencontres remake mais aussi avec des affiches quelque peu inédites.

En cela, c’est dommage que nous n’avions pas eu l’occasion de savourer un France – Italie. J’imagine, pour ce duel entre Mancini et Deschamps, nous devrions attendre le Mondial de Qatar de l’an prochain. 

The Scary

Cela dit, la Ligue des nations pose une interrogation encore plus intéressante pour la prochaine Coupe du monde. Il est bruit que la Ligue des nations rend les équipes européennes plus compétitives qu’auparavant et risque d’élargir l’écart entre leurs niveaux et ceux des équipes des autres régions. Ce commentaire abonde dans les groupes de discussions de foot, sur les plateaux TV comme sur les réseaux sociaux. 

Cette crainte réside particulièrement dans le fossé observé entre les équipes d’Europe et celles de l’Amérique du Sud. Et elle n’est pas sans raison. En effet, la Coupe du monde peut être vue comme un rendez-vous de rivalité entre les représentants de l’UEFA et ceux du Conmebol. Car après 21 éditions, aucun pays d’autres confédérations n’ont encore remporté de Mondial. Et selon cet argument, avec la Ligue des Nations, les 54 équipes européennes participantes gagneraient beaucoup en compétitions comparées aux sélections Sud-Américaines, déjà en infériorité numérique. 

Cet été, la grande inégalité entre le niveau de jeu durant l’Euro versus celui lors de la Copa America a été visible à l’œil nu. Certes, le niveau moyen de la Coupe d’Europe des nations a toujours été plus élevé que celui de la Copa America. Mais ce qui précisément fait peur, c’est un déclassement des ténors sud-américains. En d’autres mots, plus d’un craignent que le Brésil et l’Argentine perdent leur avantage compétitif face aux pays Européens. 

Mais cette crainte ne serait pas vraiment une nouvelle. Si je dois le rappeler, le dernier Mondial remporté par l’Amérique remonte à 2002. Dans l’intervalle, la France et l’Espagne ont connu des succès répétés. Beaucoup de talents ont émergé dans ces territoires et semblent ne rien avoir à envier aux Sud-Américains. Alors que les équipes européennes traditionnellement à succès comme l’Allemagne et l’Italie ont aussi su renouveler leur identité pour devenir plus compétitives. 

Avec la Ligue des Nations, non seulement ces ténors européens sont susceptibles de dominer le podium mondial mais ils risquent aussi d’entraîner beaucoup d’autres du continent dans leur ascension. Et cette nouvelle compétition, comme une sorte de ligue fermée où les équipes se jouent entre elles, favorise ce nivellement vers le haut alors que les autres, géographiquement excluses, auront beaucoup moins d’occasions pour affronter les meilleures sélections du Vieux Continent.

Cela dit, la Ligue des nations est encore récente et tout ce pronostic reste à être prouvé. Car au-delà de la logique, les Sud-Américains détiennent encore un atout qui, comme souvent, peut faire toute la différence: l’imprévisibilité.

Ce facteur inconnu a permis à la Seleçao de remporter les deux derniers tournois des Jeux olympiques et à l’Albi Celeste de s’offrir enfin une nouvelle Copa America. C’est peut-être donc cet élément d’inconnu qui reste aux Sud-Américains et qui se retrouve renforcé avec l’arrivée de la Ligue des nations. 

En tout cas, cela suffirait pour faire du prochain Mondial une curiosité des plus passionnantes. 

A moins que la surprise ne vienne d’ailleurs. 

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